Le Nouvel Hollywood


L'affranchissement des conventions


La période communément définie comme le "Nouvel Hollywood" s'étend de la fin des années 1960 au début des années 1980. C'est une période phare du cinéma Hollywoodien, une véritable révolution qui s'opère grâce à une modernisation de la production. En effet, la période précédant le Nouvel Hollywood, entre 1930 et 1950, (la période de "l'âge d'or" d'Hollywood) était marquée par la domination des majors, des grands studios qui contrôlaient l'ensemble de la chaine de production, du choix des acteurs jusqu'au final-cut, en ne laissant que très peu de place au réalisateur.
Et c'est là que s'opère la véritable révolution du Nouvel Hollywood : ce sont les réalisateurs qui prennent le pouvoir et qui s'opposent au fonctionnement classique de l'empire Hollywoodien. S'inspirant du cinéma d'auteur à la française, cette pléiade de nouveaux réalisateurs laissent place à leur créativité et ne s'imposent aucune limite. Ils s'affranchissent des conventions, ils bouleversent tous les codes narratifs, peignent la société, avec ses travers et ses vices, montrent la chair, le sang, le sexe, la drogue... Ils décrivent ainsi la réalité telle qu'elle s'offre à leurs yeux et non pas telle qu'elle pourrait plaire au plus grand public. Ils s'apellent Scorsese, Penn, Coppola ou Kubrick, et ils ont révolutionné Hollywood.


Le Nouvel Hollywood ou la passion du crime


Les héros de ces nouveaux réalisateurs ont souvent tous le même point commun : ils sont tous du côté du "mal". Gangsters, mafieux, criminels, bandits, sont ainsi les nouveaux personnages centraux de ces films du Nouvel Hollywood. Le film le plus emblématique de cette période et qui est considéré comme le précurseur et l'initiateur du Nouvel Hollywood est sans doute Bonnie & Clyde d'Arthur Penn, sorti en 1967 et retraçant l'épopée tragique des deux célèbres amants diaboliques, qui ont semés la terreur dans le sud-ouest des Etats-Unis dans les années 1930. On repprocha à Penn d'avoir rendu "glamours" et presque attendrissants ces deux amoureux-tueurs fous, mais peu importe, le public adhère et en redemande.
D'autres films comme The Big Shave de Scorsese, sorti la même année, avec la violente scène d'ouverture montrant un homme en train de se raser ou plutôt de se mutiler le visage avec son rasoir, ou encore Pat Garrett & Billy The Kid de Sam Peckinpah, sorti en 1973, sont aussi représentatifs de ce nouveau courant cinématographique où la violence est au premier plan.


Le Parrain, avec le personnage de Don Vito Corleone, démontre cet attrait pour les anti-héros et les gangsters. Mais Francis Ford Coppola donne à ce personnage central, mouillé dans des affaires de prostitution, de contrebande, de meurtre, des allures de dandy élégant et respectable, prêt à tout pour sa famille et pour préserver son honneur.


La trilogie du Parrain, représentative de ce Nouvel Hollywood


L'assassinat de Santino
Le Parrain de Coppola, qui met le criminel à l'honneur, est aussi représentatif de ce Nouvel Hollywood par la violence de ses scènes, explicite, non cachée, mais presque poétisée. Le réalisateur fait d'ailleurs une référence explicite à la scène finale de Bonnie & Clyde de Penn dans la terrible scène de l'execution de Santino (Sonny) à l'entrée d'un péage, qui meurt criblé de balles dans sa voiture. Scène de violence innouie, où le sang, la douleur et l'agonie transpercent l'écran.



C'est aussi par sa narration que la trilogie du Parrain se veut comme étant emblématique du Nouvel Hollywood. En effet, dans le premier opus, la narration est linéaire, l'histoire se déroule selon un plan chronologique. Même si les codes du Nouvel Hollywood sont bien là (violence, anti-héros), le film est quand même teinté d'un certain classicisme Hollywoodien, du moins dans les codes narratifs. Le deuxième opus au contraire, sorti à peine deux ans plus tard, présente une narration complètement destructurée, où se mèle deux histoires parallèles : la vie de Michael et le passé de Don Vito, plus jeune, de son enfance à son ascension en tant que Parrain, qui vient entrecoupé la narration classique par des flash-back, véritable signe de modernité et de changement. Enfin le troisième volet de la saga, sorti en 1990, revient à une narration plus traditionnelle mais est réalisé à la façon d'un "blockbuster", avec des scènes d'actions magistrales, correspondant à la période qui a suivie l'ère du Nouvel Hollywood, à savoir l'ère des superproductions Hollywoodienne, qui débuta dès les années 1980.