Le contexte historique

L'Amérique des années 1970


Pour comprendre le succès du film Le Parrain, il faut tout d'abord comprendre dans quel contexte historique particulier il a été réalisé. En effet, de nombreux évènements ont totalement bouleversé l'Amérique entre les années 1960 et 1970 et ont permi l'essor d'une contre-culture, d'un mouvement de protestations sans précédents, initiés par des communautés d'étudiants, d'opposants à la ségrégation raciale, de pacifistes, de féministes, d'anarchiques, d'immigrés, tous fermement opposés à cette culture américaine en apparence trop lisse et puritaine et qui tente de masquer tant bien que mal sa triste réalité.



Une réalité sociale dévoilée par le poste de télévision

Manifestation d'étudiants
américains, prônant
l'amour plutôt que la guerre

Cette sombre réalité apparait au peuple américain par le biais des images télévisées, qui entrent peu à peu dans les foyers grâce au téléviseur cathodique, qui diffuse en boucle l'assassinat de JF Kennedy et où les images de la guerre du Vietnam abondent, avec ses morts, ses corps mutilés, sa violence, sa cruauté, son réalisme. Les américains, qui ne se reconnaissent plus dans cette amérique en guerre, qui ne croient plus aux valeurs portées depuis des décennies par leur pays, s'opposent massivement à cette guerre et à cette barbarie. Ils prônent la non-violence et la paix et des mouvements hippies s'organisent massivement dans l'Ouest des Etats-Unis, en Californie, berceau de la rébellion, de la lutte contre le pouvoir, contre la société de consommation qui voit le jour.





Le soulèvement du peuple noir-américain


Martin Luther King prononçant son
célèbre discours, le 28 août 1963, à la
"Marche sur Washington"
Dans cet état général de remise en question et de prise de conscience, les communautés ethniques se rassemblent, tentent de faire entendre leurs voix et militent pour faire reconnaitre leurs droits. Le peuple Noir se soulève et prône le Black Power, porté par des figures telles que Malcom X, chef de file des Black Muslims ou encore Martin Luther King, fervent défendeur des droits civiques des noirs-américains, célèbre pour son discours pour la paix et contre la violence 'I Have a Dream'. Ces deux millitants ont été assassinées respectivement en 1965 et 1968. Des émeutes éclatent, les jeunes se révoltent contre l'autorité, l'amérique est en proie à la violence et à l'anarchie et est entrée dans une crise sociale sans précédent. Jusqu'à la fin des années 1960, cette crise sociétale touchera tous les domaines artistiques et culturelles comme la musique par exemple, avec l'émergence de nouveaux artistes comme Jimi Hendrix ou encore le cinéma, qui va complètement se métamorphoser à l'aube des 'seventies'.



Une révolution cinématographique nécessaire

Dans cette nouvelle société, l'industrie du cinéma doit trouver sa place et se renouveller. En effet, les films Hollywoodiens, qui donnent à voir un monde parfait, aseptisé, vierge de toute violence sanglante et frontale, de sexe ou de drogue, soumis aux lois du hors-champ et de l'implicite, semblent à cette époque totalement obsolète, à l'heure où les médias se font l'écho de la réalité sociale et livrent des images "brutes" et chocs.
En 1966, le Production Code, répertoriant tous les interdits au cinéma, est remplacé par des "principes de conduite" et peu après, le SMA (Suggested for Mature Audience), avertissement pour désigner au public les films les plus explicites en matière de violence et de sexe, est instauré.

Des réalisateurs novateurs vont exploiter cette nouvelle tendance cinématographique et vont se spécialiser, justement, dans des productions exacerbées de scènes violentes ou sexuelles. Si bien que le Production Code cesse en 1968 pour laisser place à un système de classification.

Le Nouvel Hollywood est né...